La nouvelle a fait l'effet d'une bombe. En plein pic de tensions au Moyen-Orient avec l'Iran, les États-Unis ont fait savoir qu'ils réduisaient leur dispositif de défense de l'un de leurs principaux alliés dans la région : l'Arabie saoudite, rival de la République islamique. D'après le Wall Street Journal, Washington a entamé le retrait du pays deux batteries antimissiles Patriot, ainsi que de deux autres systèmes de défense antiaérienne stationnés dans la région en septembre dernier, au lendemain de l'attaque, imputée à Téhéran, qui a frappé le cœur du complexe pétrolier saoudien. Deux escadrons d'avions de chasse et 300 membres du personnel militaire américain font aussi partie du retrait, également évoqué par les agences de presse Bloomberg et Associated Press.
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Les États-Unis envisageraient aussi de réduire la présence navale américaine dans le Golfe persique, qui avait été augmentée l'an dernier de 14 000 soldats pour faire face à la menace accrue posée, selon Washington, par Téhéran. D'après plusieurs responsables américains cités sous le sceau de l'anonymat par le Wall Street Journal, les États-Unis estimeraient que le risque d'attaques iraniennes contre les intérêts américains aurait diminué, sous l'action combinée du renforcement militaire américain et de l'élimination par Washington début janvier du général iranien Qassem Soleimani, le chef de la branche extérieure des gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique.
Surprise
Une évaluation d'autant plus surprenante que les incidents entre les deux camps se sont multipliés au cours des derniers mois dans la région.
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Ultimatum de Trump
Washington n'a en effet que peu goûté la décision saoudienne d'augmenter drastiquement sa production de pétrole début mars, qui a plongé dans la crise l'industrie pétrolière américaine, et poussé plusieurs sénateurs à déposer une loi réclamant notamment le retrait d'Arabie des systèmes américains antimissiles Patriot. À en croire l'agence de presse Reuters, Donald Trump aurait haussé le ton contre le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit MBS, le 2 avril dernier. Lors d'une conversation téléphonique, le président américain aurait lancé à l'impétueux prince un ultimatum : il ne s'opposerait pas à la volonté des sénateurs américains si Riyad ne réduisait pas sa production d'or noir. « Les Américains étaient très en colère contre l'Arabie saoudite », se souvient un responsable du Golfe. Or, moins d'une semaine plus tard, la pétromonarchie s'entendait finalement avec la Russie, au sein de l'Opep sur un accord global de diminution de l'offre, sans pour autant que les prix remontent.
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