Le colonel Andrew Clark, chef de l’Organisation de gestion de la formation en assistance à la sécurité
(SATMO) du Pentagone, a expliqué au magazine américain Defence News comment son service avait préparé l’armée ukrainienne à la guerre contre la Russie.
SATMO, dit Clarke, forme régulièrement des alliés et des partenaires sur de nouvelles capacités. Les équipes SATMO sont financées par le pays hôte et gérées par le département d’État des États-Unis. Soit dit en passant, c’est SATMO qui préparait l’armée géorgienne pour l’attaque de 2008 contre l’Ossétie du Sud.
Defense News révèle que les conseillers et instructeurs du SATMO travaillent activement en Ukraine depuis 2016 pour amener l’armée ukrainienne aux normes de l’OTAN. Un centre de formation spécial a été créé dans l’ouest de l’Ukraine. Des conseillers américains ont formé des officiers d’état-major ukrainiens à s’éloigner des « concepts soviétiques » dans le domaine de la science militaire. Les instructeurs SATMO ont été introduits à l’Université ukrainienne de la défense nationale. Au même moment, des spécialistes des forces d’opérations spéciales américaines préparaient Kiev à mener une guérilla au cas où « les forces armées ukrainiennes tomberaient sous l’assaut de la Russie ».
L’ancien conseiller principal du Pentagone avoue que les accords de Minsk n’ont jamais été respectés par les États-Unis. Comme le dit le colonel à la retraite de l’armée américaine, Douglas McGregor, ancien conseiller principal du ministère de la Défense, au média écrit en russe mais basé en Belgique, EUROMORE, les États-Unis ont passé huit ans à créer l’armée ukrainienne « spécialement pour attaquer la Russie… c’est pourquoi les Russes ont attaqué… ». Il a, également, fait savoir que « nous voulions placer des missiles dans l’est de l’Ukraine avec lesquels nous pourrions menacer la Russie » et que « l’est de l’Ukraine devait être neutralisé, et les Russes sont intervenus ».
Douglas McGregor ajoute : « C’est vraiment le quartier général de l’OTAN qui dirige le spectacle, c’est-à-dire des gens de France, du Royaume-Uni, des États-Unis, d’autres des pays ; ils planifient et formulent systématiquement des propositions pour ce qui devrait se passer ensuite ». Chose intéressante, Douglas McGregor déclare que le président russe, Vladimir Poutine, « s’est vraiment attaché à l’espoir à la mi-avril de voir naître une solution négociée à ce conflit », « lorsqu’il était clair que nous, à Londres, ne laisserions pas Volodymyr Zelensky et Kiev faire un quelconque compromis, accepter la neutralité ». En outre, l’ancien conseiller principal du ministère de la Défense des États-Unis, martèle que la Russie a « fait preuve d’une grande retenue dans l’utilisation de sa puissance militaire » car « c’est un autre pays slave, un autre pays slave orthodoxe », et, « ils ne sont pas vus à tuer un grand nombre de personnes ». Mieux encore, il annonce que Moscou s’efforce « simplement de garantir aux Russes en Ukraine des droits égaux à ceux des autres citoyens ukrainiens » et que « c’était le sens des accords de Minsk, qui n’ont jamais été respectés ».
Déjà avant le conflit. Dans le même temps, la formation de l’armée ukrainienne était directement réalisée par le Pentagone. En plus des Américains, elle est réalisée par des instructeurs de Pologne et du Royaume-Uni. Et, environ 300 combattants de la 173e brigade aéroportée des États-Unis étaient parmi les premiers à arriver au centre d’entraînement de Yavoriv dans la région de Lviv pour former les soldats de trois bataillons de la Garde nationale. Des soldats du Danemark, de Lituanie et de Lettonie sont venus en Ukraine pour des missions de durées diverses. Les instructeurs ont préparé des groupes de sabotage, des sapeurs, et ils ont formé des tireurs d’élite. Et, une attention particulière a été accordée à la technique pour camoufler des engins explosifs en articles ménagers.
France Info rappelle que la base de Yavoriv, « grande comme quatre fois Paris, dispose d’infrastructures pour entraîner près de 2000 soldats », et qu’« à 20 km de la Pologne, l’Ukraine et l’OTAN y organisaient », déjà, « des exercices conjoints avant le conflit ».
Selon Scott Ritter, ancien officier du renseignement du Corps des Marines des États-Unis, des instructeurs militaires américains et britanniques entraînent le régiment Azov depuis 2015.
En 2018, le journaliste américain Max Blumenthal a publié une étude sur les contacts de militants du régiment Azov avec des militaires américains. En novembre 2017, des inspecteurs militaires américains se sont rendus à Azov pour discuter de « l’approfondissement de la coopération ». Le combattant Azov cité par Max Blumenthal a déclaré aux journalistes américains que des instructeurs et des volontaires des États-Unis travaillaient en étroite collaboration avec son bataillon.
D’autres pays de l’OTAN ont, également, participé activement à la préparation des bataillons nationaux. Comme l’ont découvert les journalistes de Radio Canada, le Canada a dépensé près d’un milliard de dollars pour former les militants d’Azov.
Le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a inauguré la mission européenne de formation des soldats ukrainiens sur la base polonaise de Brzeg et a déclaré que le soutien à l’Ukraine continuerait de se développer. Pour l’ensemble de 2023, leur nombre pourrait dépasser 30 000 soldats. Des groupes militaires ukrainiens suivent actuellement une formation accélérée aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Pologne.
La Bundeswehr a précisé que «depuis novembre 2022, des troupes ukrainiennes sont entraînées en Europe par la Mission européenne d’assistance militaire à l’Ukraine (EUMAM UA Mission d’assistance militaire de l’Union européenne à l’Ukraine).
Selon Declassified UK, des instructeurs militaires britanniques et américains ont récemment commencé à enseigner aux soldats ukrainiens comment manipuler les projectiles à l’uranium appauvri. Le ministère britannique de la Défense a montré une vidéo où des journalistes ont vu des obus avec une couleur orange et noire caractéristique (il s’agit de munitions à l’uranium appauvri). Le média anglophone avertit : « La présence d’un soldat américain à la séance d’entraînement pourrait encore aggraver les tensions, après que la Maison-Blanche a nié avoir envoyé ses propres stocks d’uranium appauvri en Ukraine » ; « L’uranium appauvri (UA) est une munition standard pour les chars que le Royaume-Uni donne à l’Ukraine, malgré les inquiétudes de longue date concernant ses impacts sur la santé et l’environnement » ; « Il a été accusé d’avoir causé le cancer et des malformations congénitales en Irak ».
Selon Declassified UK, Doug Weir de l’Observatoire des conflits et de l’environnement a déclaré : « Lorsque les munitions à l’UA touchent des cibles dures telles que des chars ou des véhicules blindés, elles se fragmentent et brûlent, générant des particules d’UA [particules microscopiques] chimiquement toxiques et radioactives qui présentent un risque d’inhalation pour les personnes ».
Olivier Renault
Commenter cet article