Une victime héroïque, un violeur aux propos énigmatiques… Des documents d’enquête révèlent comment la première victime du jeune Marocain a échappé à la mort après une agression sauvage de 90 minutes en 2019 dans la forêt de Taverny (Val-d’Oise).
(…) « Toi cœur blanc, moi cœur noir ». Ce sont les mots prononcés par Taha O. à Juliette (le prénom a été changé) après l’avoir violée le 31 août 2019 dans la forêt de Taverny (Val-d’Oise). Une affaire qui vaudra au futur meurtrier présumé de Philippine, alors âgé de 17 ans, d’être condamné par la cour d’assises des mineurs de Pontoise à sept ans de prison. Selon des documents d’enquête auxquels nous avons eu accès, cette première victime du jeune Marocain a fait preuve d’un sang-froid et d’un courage exceptionnels qui lui ont probablement sauvé la vie au terme d’un calvaire d’une heure et demie. (…)
Ce samedi-là, Juliette part se promener dans cette forêt de Taverny qu’elle a l’habitude d’arpenter pour se changer les idées. Elle vient de passer l’après-midi à rédiger son mémoire de master. Alors qu’elle marche sur un sentier, casque de musique aux oreilles, elle est surprise par le jeune homme, qu’elle n’a pas entendu, derrière son dos. Aussitôt celui-ci lui plaque la main sur le visage pour l’empêcher de crier et la conduit de force dans la forêt. À l’abri des regards, son agresseur qu’elle décrit vêtu d’un cache-cou, exige une fellation, ce qu’elle refuse de toutes ses forces. Malgré sa résistance, Taha O. parvient à lui baisser son short et lui imposer une pénétration digitale avant de la plaquer dos au sol.
En se débattant, Juliette réussit à déchirer le tee-shirt de son bourreau qui finit par se saisir d’un bâton qu’il lui colle sous la gorge. « Arrête de bouger ou je te tue », menace le violeur. Pendant des minutes interminables, Taha O. tente de lui imposer une pénétration pénienne. Il n’y parvient pas. « Deux minutes, deux minutes », répète-t-il. La victime trouve alors la force de lui rétorquer que son supplice est trop long. « Deux minutes pakistanaises », embraye alors Taha O. dans une formule pour le moins déplacée au vu des circonstances.
« J’ai eu peur pour ma vie quand il m’a saisi par derrière en bloquant ma respiration, confiera la victime aux enquêteurs de la sûreté départementale du Val-d’Oise. Mais sur la fin, j’ai senti qu’il était moins violent et j’ai parlé avec lui pour le calmer ». Juliette trouve un stratagème pour abréger son calvaire. (…)
Juliette lui lâche alors : « Ce n’est pas bien ce que tu as fait ». D’où les mots étranges de Taha O. à son égard : « Cœur blanc ». Le jeune Marocain insiste pour obtenir le numéro de téléphone de sa victime. Ce qu’elle consent à lui donner, sentant que cet indice sera capital pour les policiers pour l’identifier et l’interpeller. Taha O. s’évanouit ensuite. Le jour même, Juliette dépose plainte en compagnie de sa mère. (…)
C’est à partir de la géolocalisation en temps réel de ce numéro que les policiers parviennent à isoler un foyer sur Taverny, géré par la Croix Rouge : le « Lao », situé à proximité du sentier où le viol a eu lieu. (…)
Son colocataire est entendu par les enquêteurs. Son témoignage permet de cerner la personnalité inquiétante de Taha O. Manipulateur, le suspect confie à son camarade de chambre que lors d’une promenade en forêt il a croisé une fille qu’il a prise pour une prostituée et que celle-ci a insisté pour faire l’amour. (…)
En garde à vue, le suspect livre la même version mensongère aux policiers. (…) Poussant plus loin la duplicité, il va jusqu’à déclarer avoir refusé un rapport sexuel, ce qui aurait provoqué la colère de l’étudiante qui lui aurait « mal parlé ». Se disant innocent, il exige d’être remis en liberté. (…)
Taha O. finit par passer aux aveux lors de son procès qui se tient à huis clos en mars 2022. Il reconnaît le viol mais se dit incapable de se souvenir des circonstances. Un expert psychiatre qui l’a examiné durant l’enquête avait conclu à « l’absence de troubles psychiques ou d’immaturité » et prôné une injonction de soins. La cour d’assises n’a pas prononcé de suivi complémentaire en plus de la peine de prison. (…)
Le Parisien
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