Le service de développement de l’identité de genre (GIDS) du NHS (Le National Health Service est le système de la santé publique du Royaume-Uni) est une clinique de santé gérée au niveau national, spécialisée dans le travail avec les enfants ayant des problèmes d’identité de genre, y compris la dysphorie de genre. Bien qu’il soit basé sur le site du Tavistock and Portman NHS Foundation Trust, il est commandé par le NHS England et reçoit des patients de tout le Royaume-Uni. Il s’agit de la seule clinique d’identité de genre pour les personnes de moins de 18 ans au Royaume-Uni et elle fait l’objet de nombreuses controverses.(Wikipedia)
27/03/2023
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L’œil vif, la barbe poivre et sel, le docteur David Bell, 72 ans, reçoit dans sa salle de consultation privée du quartier Finchley Road, tout proche de Tavistock. Psychiatre et psychanalyste, il a travaillé plus de vingt ans dans cet hôpital, mais jamais au GIDS avec des adolescents. C’est lui qui est à l’origine du scandale. A l’été 2018, le praticien, qui se présente comme un lanceur d’alerte, rédige de sa propre initiative un rapport incendiaire destiné à la direction de l’hôpital. Il y relève une prise en charge sommaire, qui conduirait à une prescription trop rapide de bloqueurs de puberté.
Son document se fonde sur des témoignages internes : dix cliniciens du GIDS ont contacté ce médecin expérimenté début 2018, soit près d’un tiers de l’équipe soignante londonienne – le service a aussi une antenne à Leeds, dans le nord de l’Angleterre. « Tous me font part d’inquiétudes similaires, explique David Bell. Ils pensent que des jeunes ont été poussés vers les bloqueurs de puberté sans que leur situation sociale ou psychologique ait été suffisamment explorée et qu’ils n’ont pas été assez informés sur les conséquences de la prise de ces médicaments. J’ai entendu des cas où le patient est envoyé en endocrinologie au bout d’un seul rendez-vous au GIDS. »
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David Bell assure aussi que beaucoup de jeunes patients souffrent de divers troubles psychiques, comme la dépression, et qu’un grand nombre présente des troubles autistiques. Enfin, il reste persuadé que certains adolescents se trompent sur leur ressenti, qu’ils ne seraient pas trans mais homosexuels : « Des cliniciens qui se sont confiés à moi pensent que chez certains patients, la confusion ne porte pas sur le genre mais sur l’orientation sexuelle. Quand ils ont fait part de leurs doutes à leurs responsables, ils ont été ignorés. » Les personnes trans insistent pourtant sur le fait que l’on trouve parmi eux aussi bien des hétérosexuels, des homosexuels, des lesbiennes, des bisexuels. Mais le docteur Bell ne mâche pas ses mots : « Au lieu de rester neutre, le GIDS a poussé les patients à s’affirmer [à embrasser leur nouveau genre], il a été endoctriné par les idéologies trans. »
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La psychologue Kirsty Entwistle a, entre 2017 et 2018, travaillé à l’antenne de Leeds. Elle dit avoir quitté le service prématurément, troublée par son expérience. Elle ne s’est pas confiée au docteur Bell mais a envoyé, six mois après son départ, une lettre ouverte à Polly Carmichael, directrice du GIDS depuis 2009, pour exprimer ses doutes sur la qualité des soins. « Je me rappelle un différend avec un collègue à propos d’une adolescente qui dit alors être un garçon, raconte-t-elle. Le collègue est prêt à lui prescrire des bloqueurs de puberté, je m’y oppose. On a fini par argumenter sur l’attrait de la patiente, quand elle était enfant, pour Thomas la locomotive [personnage de dessin animé]. Comment peut-on fonder une décision clinique sur Thomas la locomotive ? Le management ne m’a pas soutenue. »
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Le Monde
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