Les relations entre le pouvoir du Nicaragua et l’Eglise catholique locale s’enveniment. La police nicaraguayenne a annoncé, vendredi 5 août, avoir ouvert une enquête pour « agissements délictueux », et a dénoncé « la situation créée (…) sous les auspices de l’évêque de Matagalpa », assiégé depuis jeudi dans son évêché par les forces de police. « Sa soutane ne lui accorde pas l’impunité », a averti M. Navarro député du parti sandiniste. La dernière vague de répression du pouvoir a conduit cette semaine à la fermeture de plusieurs radios catholiques. Les missionnaires de la Charité, ordre fondé par Mère Teresa en 1950, ont été expulsées mercredi 6 juillet. Réélu en novembre 2021 pour un quatrième mandat consécutif, les principaux candidats potentiels à cette élection avaient été arrêtés et emprisonnés. Sept opposants ont été condamnés à des peines allant jusqu’à treize ans de prison.
Dans un communiqué officiel, les autorités policières accusent les « hautes autorités de l’Eglise catholique du diocèse de Matagalpa », mené par l’évêque Mgr Rolando José Alvarez Lagos, de « tenter d’organiser des groupes violents, en les incitant à commettre des actes de haine contre la population ».
Les « agissements » de l’Eglise ont « pour objectif de déstabiliser l’Etat du Nicaragua et d’attaquer les autorités constitutionnelles », assure le communiqué de la police, qui annonce avoir « ouvert une enquête afin de déterminer la responsabilité pénale des personnes impliquées dans ces agissements délictueux ».
Mgr Rolando Alvarez, critique du gouvernement du président Daniel Ortega, a célébré vendredi une messe retransmise depuis son évêché sur les réseaux sociaux en direct de son évêché de Matagalpa, à 130 kilomètres au nord-est de la capitale, Managua. Des policiers antiémeutes « continuent de fermer la rue » de l’évêché, a-t-il dénoncé lors de cet office. « La porte principale et le garage sont également bloqués » par la police, a déclaré le prélat âgé de 55 ans, qui est empêché depuis jeudi de rejoindre sa cathédrale, à quatre rues de là. « Nous sommes dans l’évêché. Personne ne peut sortir ni entrer », a décrit à l’Agence France-Presse (AFP) l’un des prêtres retranchés avec M. Alvarez.
« Les personnes soumises à l’enquête resteront à leur domicile », précise encore la police, qui empêche depuis jeudi l’évêque et les prêtres qui l’accompagnent de quitter le siège épiscopal. Mgr Alvarez avait réclamé jeudi le respect de la « liberté » religieuse après la fermeture par les autorités de plusieurs radios catholiques et dénoncé un « harcèlement » policier. […]
Le Monde
Les sœurs de Mère Teresa ont été expulsées mercredi 6 juillet du Nicaragua. Le Parlement a jugé leurs activités illégales, comme des centaines d’autres ONG présentes dans le pays. Cette décision vient s’ajouter aux nombreuses persécutions menées par le gouvernement de Daniel Ortega contre l’Église catholique dans le pays.
Les missionnaires de la Charité, ordre fondé par Mère Teresa en 1950, ont été contraintes mercredi 6 juillet par le gouvernement du Nicaragua de quitter le pays où elles accueillaient les plus pauvres. Le Parlement a en effet jugé leurs activités « illégales » et reproche à la congrégation, comme à des centaines d’ONG, de ne pas communiquer leurs revenus financiers et la source de leurs dons. D’autre part, le ministère de l’Intérieur n’avait pas accrédité leurs activités sociales. Les religieuses seraient sorties du pays par la frontière terrestre avec le Costa Rica.
Cette suite de décisions unilatérales intervient alors que les relations entre le gouvernement nicaguais et l’Église sont tendues depuis que des paroisses ont accueilli en 2018 des manifestants fuyant la répression. Les mouvements sociaux avaient été réprimés dans le sang faisant 55 morts, 2.000 blessés, un demi-millier de prisonniers et des dizaines de milliers d’exilés, selon des organisations de défense des droits humains. Le président Daniel Ortega avait alors tenu l’Église pour complice de ces mouvements sociaux qualifiés de coup d’État. Ainsi, celui-là même qui avait accueilli Mère Teresa de Calcutta dans les années 1980 pousse désormais les petites sœurs de la Charité à l’exil. […]
Aleteïa
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