La situation énergétique est « grave » pour la Suisse, qui négocie avec l’Allemagne et l’Italie pour garantir son approvisionnement en gaz l’hiver prochain, face à la chute des livraisons russes, a affirmé dimanche la ministre suisse de l’Energie. « Pourquoi avons-nous un problème aujourd’hui ? Parce que la Russie a fermé le robinet de gaz et que la Suisse est entièrement dépendante de l’étranger pour ce type d’énergie », a déclaré la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, dans un entretien avec le journal Blick. « La situation est grave. Le Conseil fédéral en est conscient, et pas seulement depuis la guerre en Ukraine », a-t-elle ajouté.
La Suisse ne s’est pas encore fixée d’objectifs en termes d’économies d’énergie, contrairement à l’UE qui entend réduire de 15 % sa consommation de gaz pour surmonter la chute des livraisons russes, du fait des tensions liées à la guerre en Ukraine. L’approvisionnement énergétique de la Suisse dépend pour près de 80 % des importations de combustibles et de carburants fossiles ainsi que de combustibles nucléaires, selon l’Office fédéral de l’Energie. Même l’approvisionnement en électricité ne peut se passer des importations, du moins pendant les mois d’hiver.
Au milieu d’un de ces champs de terre noire qui font la richesse de l’Ukraine, la moissonneuse-batteuse gît immobile, à une vingtaine de kilomètres de la ligne de front. Il y a une semaine, elle a heurté une mine. Une roue avant a été arrachée, la barre de coupe géante de l’engin agricole pendant lamentablement à côté des restes fumants de la cabine du conducteur. Ce dernier, Pavlo Koudimov, a été hospitalisé pour de graves brûlures. « L’agriculture a toujours été difficile, mais c’est encore plus difficile maintenant », se plaint-il.
Le blocus, qui a contraint les agriculteurs à stocker ou à vendre à perte, et les tirs d’artillerie ont fait chuter les prix. L’an passé, Sergueï Loubarski était payé jusqu’à huit hryvnia (0,21 euros) le kilo de blé vendu. Depuis le début de la guerre, il ne peut plus en tirer que trois hryvnia, et encore s’il arrive à le transporter jusqu’au centre régional de Kramatorsk. A Raï-Aleksandrovka, son village situé sur la ligne de front, il n’en obtient des négociants que 1,80 hryvnia car « les chauffeurs ont peur de venir ici ».
Edouard Stoukalo, 46 ans, exploite pour sa part 150 hectares en périphérie de la ville de Sloviansk. Trente hectares de blé ont déjà « complètement brûlé » à cause, selon lui, de tirs d’artillerie. Et il peine évidemment à convaincre ses ouvriers de continuer à participer à la récolte. « Les agriculteurs comme nous vont faire faillite. Personne ne veut y aller, tout le monde a peur des missiles qui arrivent », regrette-t-il. « Nous risquions aussi nos vies quand nous avons semé en avril et mai », ajoute-t-il : « Des bombes à fragmentation ont frappé nos champs. Les bombes ont explosé à 100 ou 200 mètres de nous ».
Kiev et Moscou ont de nouveau échangé samedi des accusations de tirs sur la centrale nucléaire de Zaporojie, la plus grande d’Europe, occupée par la Russie.
« Limitez votre présence dans les rues d’Energodar ! Nous avons reçu des informations sur de nouvelles provocations de la part des occupants » russes, a indiqué sur Telegram l’agence nucléaire ukrainienne Energoatom. « Selon les témoignages des habitants, des bombardements sont à nouveau en cours en direction de la centrale nucléaire de Zaporojie (…) L’intervalle entre le départ et l’arrivée des tirs est de 3-5 secondes ».
De leur côté, les autorités d’occupation installées par la Russie dans les zones qu’elle occupe dans la région de Zaporojie ont sans surprise accusé les forces ukrainiennes d’être à l’origine de ces tirs. « Energodar et la centrale nucléaire de Zaporojie sont à nouveau sous le feu des militants (du président ukrainien Volodymyr) Zelensky », a déclaré sur Telegram un membre de l’administration militaire et civile prorusse, Vladimir Rogov. Les projectiles sont tombés « dans des zones situées sur les berges du Dniepr et dans la centrale », a-t-il affirmé, sans faire état de victime ni de dégâts.
Le fleuve Dniepr (Dnipro en ukrainien) sépare les zones aux mains des Russes de celles contrôlées par les autorités ukrainiennes.
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