Mis en examen pour viol, les trois jeunes sont désormais jugés pour «agressions sexuelles». Selon l’avocate de la famille de la victime, les prévenus ont contesté les faits, malgré une vidéo accablante.
Le parquet a requis mardi 1er février entre neuf mois et un an de prison ferme contre quatre jeunes jugés à huis clos pour agressions sexuelles en 2017 à Creil de Shaïna, 13 ans, qui fut assassinée deux ans plus tard, a-t-on appris auprès d’une avocate.
Les prévenus, sous contrôle judiciaire, étaient mineurs au moment des faits. Deux d’entre eux, dont le principal mis en cause, alors petit ami de Shaïna, étaient âgés de 14 ans, les deux autres de 16 et 17 ans.
(…) Le ministère public a tenu compte du «très jeune âge» de ces «primo-délinquants», a-t-elle estimé
Le Figaro
31/01/2022
Le procès des agresseurs présumés de la jeune Shaïna, violée à 13 ans par un groupe de garçons, s’ouvre ce lundi. Une affaire de violences sexuelles et sexistes qui ont conduit à la mort de l’adolescente, poignardée puis brûlée à l’âge de 15 ans par son petit ami.
Shaïna n’avait que 15 ans lorsqu’elle a été tuée dans un cabanon d’un jardin ouvrier, sous les fenêtres d’une barre de logements HLM à Creil, dans la cité du Plateau-Rouher. Poignardée, puis brûlée. Son petit ami de l’époque, Omar O., s’en est vanté devant ses amis : « J’ai fait une dinguerie », ont rapporté ces derniers à la police, après que la nouvelle de la découverte du corps de l’adolescent s’est ébruitée. Shaïna était enceinte d’Omar. Shaïna avait une réputation, c’était une « fille facile ».
Son meurtre survient au terme d’un long processus de violence que la jeune fille a subi et dans lequel les garçons, le quartier, ont joué un rôle déterminant ; à 13 ans, Shaïna a été victime d’un viol collectif, diffusé en direct sur les réseaux sociaux. Les auteurs présumés : son petit ami de l’époque et deux de ses camarades. Shaïna, profondément traumatisée, avait choisi de porter plainte. Les trois sont jugés par le tribunal pour enfants de Senlis à partir de lundi 31 janvier, ainsi qu’un quatrième garçon pour des faits d’agression survenus un autre jour.
(…) Ce jour-là, le 31 août 2017, Shaïna est contrainte de rejoindre Ahmed devant une clinique désaffectée du quartier. Si elle ne vient pas, il rendra publique la photo intime de l’adolescente. Devant la clinique, Ahmed l’attrape par les cheveux, la traîne à l’intérieur. Il lui aurait réclamé une fellation, qu’elle refuse. Deux amis d’Ahmed auraient alors surgi. Ils maintiennent l’adolescente, la forcent à se déshabiller, l’agressent sexuellement, la violent avec un tube de Labello. L’un des garçons lui aurait même mordu les seins. Une vidéo de ce calvaire a été retrouvée par les enquêteurs, on y voit Shaïna assise sur un banc, tentant de couvrir sa nudité avec son pantalon. Les garçons l’insultent : « Tu es une pute », une « grosse pute ». L’un des garçons se jette sur elle, Shaïna se débat, la vidéo s’arrête.
(…) Ahmed est mis en examen, placé sous contrôle judiciaire en centre éducatif fermé. Contre l’avis du parquet, rapporte Charlie Hebdo, le juge d’instruction a mis fin à ce placement au bout d’un mois seulement. Le jeune homme a l’obligation de quitter Creil. Au bout d’un an, il demande à revenir. Encore une fois, le juge d’instruction accepte, contre l’avis du parquet. Ahmed revient à Creil, alors qu’il continue de menacer et de harceler Shaïna sur les réseaux sociaux.
(…) Dans le quartier, la famille ne reçoit pas beaucoup de soutien. « Il y a beaucoup de gens qui sont pro-Omar [du nom de l’assassin présumé] », confie, le ton résigné, la mère de Shaïna. Comment peut-on soutenir un homme soupçonné du meurtre d’une adolescente ? « Pour eux, ma fille l’a mérité, elle n’aurait jamais dû porter plainte contre Ahmed. Il aurait fallu qu’elle se taise. »
(…) « On sait très bien qu’il y a plein d’autres Shaïna dans le quartier. Ces jeunes filles ont honte : elles ne porteront jamais plainte pour des faits de viol, leur copain peut les faire chanter », s’inquiète la mère de Shaïna. Les quatre agresseurs présumés de l’adolescente seront jugés lundi 31 janvier et mardi 1er février. Aucune date n’a encore été fixée pour le procès d’Omar, mis en examen pour l’assassinat de la jeune fille.
Marianne
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