ENQUÊTE – Pour renforcer la traçabilité des arsenaux, un nouvel outil numérique est présenté ce lundi à Beauvau. Il doit aussi faciliter les démarches des usagers.
Lors du partage de la succession, il y a six ans, aucun de ses frères et sœurs n’en avait voulu. Mais où est donc passé le fusil à crosse d’argent du chasseur émérite qu’était son père? Depuis cet été, la multiplication des agressions, des cambriolages, l’«ensauvagement» de la société l’ont convaincu: Maxime veut s’armer.
Pour avoir le droit de posséder une arme à feu dans sa maison isolée de l’Aveyron, cet enseignant va même passer son permis de chasse. Comme tous les détenteurs d’armes – près de 5 millions en France -, il va devoir s’enregistrer sur un portail en ligne sécurisé. Présenté lundi au ministère de l’Intérieur, le système d’information sur les armes (SIA), un nouvel outil numérique censé faciliter les démarches des usagers et renforcer la traçabilité des arsenaux, sera opérationnel à partir de février. Les autorités promettent une démarche «simple», pendant six mois, pour les détenteurs d’armes «de famille» souvent oubliées au grenier – et pas encore enregistrées.
Professeur bientôt retraité, Maxime n’est «pas du tout un excité». Mais «la confiance que j’ai dans l’État pour me protéger, ma famille et moi, s’est très nettement effritée, assure-t-il. Le système pénal ne fonctionne plus, les délinquants sont libérés trop rapidement. Il faut maintenant que la loi soit du côté des agressés: je ne dis pas qu’il faut se faire justice soi- même, mais qu’il ne faut pas pénaliser une personne qui s’est défendue de façon proportionnelle à l’agression.» À son épouse, il apprendra également le maniement du fusil de chasse. Se voit-il pour autant tirer sur un éventuel cambrioleur? «Je vais d’abord prendre toutes les mesures pour que cela ne se produise pas, réplique-t-il. Faire installer une porte blindée et fermer les volets tous les soirs. Mais je m’imagine tout à fait sortir le fusil par la fenêtre et tirer en l’air pour effrayer l’agresseur. Ce qui n’est pas possible, c’est de rester sans rien faire.»
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Tireur sportif, Teddy s’entraîne une fois par semaine, «à comparer avec les trois séances annuelles d’un policier moyen». Lui ne dégainerait «qu’en situation de risque, pour arrêter un crime»: «Une de mes collègues s’est fait tabasser presque à mort pour avoir demandé à un jeune de porter un masque, fait remarquer cet infirmier parisien. Lors des multiples agressions que nous avons connues, si une personne s’est interposée, elle s’est fait soit défoncer, soit tuer. Si cette personne avait été armée, ça se serait passé autrement!» Et ce trentenaire, qui milite à l’Arpac depuis deux ans, d’insister: «Ça va être le Far West, nous prédit-on? Mais comment appelez-vous un pays où on peut se faire poignarder pour une place de parking, un “mauvais regard” ou une jupe un peu courte?»
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