La semaine prochaine, le département d’éducation de la Californie votera sur un nouveau Programme des Études Ethniques à l’échelle de l’État qui prône la “décolonisation” de la société américaine et promeut le symbolisme religieux aztèque – tout cela au service d’une idéologie politique de gauche.
Le nouveau programme, appelé Programme des Études Ethniques, cherche à étendre la domination culturelle de la gauche sur le système universitaire public californien, qui dure depuis 50 ans, à l’ensemble du système d’enseignement primaire et secondaire de l’État, qui se compose de 10 000 écoles publiques desservant un total de 6 millions d’élèves.
En termes théoriques, le nouveau Programme des Études Ethniques est basé sur la “pédagogie des oppressés”, développée par le théoricien marxiste Paolo Freire, qui a soutenu que les élèves doivent être éduqués à propos de leur oppression afin d’atteindre une “conscience critique” et, par conséquent, développer la capacité de renverser leurs oppresseurs. Suivant cette dialectique, le Programme des Études Ethniques demande aux enseignants d’aider les élèves à “remettre en question les croyances racistes, sectaires, discriminatoires, impérialistes/coloniales” et à critiquer “la suprématie blanche, le racisme et d’autres formes de pouvoir et d’oppression”. Cette approche, à son tour, permet aux enseignants d’inciter leurs élèves à participer aux “mouvements sociaux qui luttent pour la justice sociale” et à “construire de nouvelles possibilités pour une société post-raciste et post racisme systémique.”
R. Tolteka Cuauhtin, le premier coprésident de ce Programme des Études Ethniques, a élaboré une grande partie du matériel concernant l’histoire américaine ancienne. Dans son livre Rethinking Ethnic Studies, qui est cité tout au long du programme, Cuauhtin soutient que les États-Unis ont été fondés sur un “paradigme eurocentré, suprématiste blanc (raciste, anti-Noir, anti-Indigène), capitaliste (classiste), patriarcal (sexiste et misogyne), hétéropatriarcal (homophobe) et anthropocentrique amené d’Europe”. Le document affirme que les Blancs ont commencé à “s’emparer des terres”, à “faire éclore des hiérarchies” et à “se développer pour l’Europe/la blanchité”, ce qui a créé un “excès de richesse” qui est “devenu la base de l’économie capitaliste.” Les Blancs ont établi une “hégémonie” qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui, dans laquelle les minorités sont soumises à “la socialisation, la domestication et la “zombification”.”
Le récit religieux est encore plus perturbant. Cuauhtin a élaboré un “mandala” associé, affirmant que les chrétiens blancs ont commis un “théocide” contre les tribus indigènes, tuant leurs dieux et les remplaçant par le christianisme. Les colons blancs ont ainsi établi un régime de “colonialité, déshumanisation et génocide”, caractérisé par “l’effacement et le remplacement explicites de l’indigénéité et de l’humanité holistiques”. La solution, selon Cuauhtin et ce Programme des Études Ethniques, est de “nommer, parler, résister et transformer la condition néocoloniale hégémonique eurocentrée” dans une posture de “résistance transformationnelle”. Le but ultime est de “décoloniser” la société américaine et d’établir un nouveau régime de “contre-génocide” et de “contre-hégémonie”, qui remplacera la culture chrétienne blanche et conduira à la “régénération de l’avenir épistémique et culturel indigène”.
Ce concept religieux est étoffé dans le “chant communautaire des Études Ethniques” officiel du Programme d’Études. Le programme recommande aux enseignants de faire écouter à leurs élèves une série de chansons, de chants et d’affirmations indigènes, dont l'”Affirmation In Lak Ech”, qui fait directement appel aux dieux aztèques. Les élèves applaudissent et chantent d’abord vers le dieu Tezkatlipoka – que les Aztèques adoraient traditionnellement par le sacrifice humain et le cannibalisme – en lui demandant le pouvoir d’être des “guerriers” pour la “justice sociale”. Ensuite, les étudiants chantent aux dieux Quetzalcoatl, Huitzilopochtli et Xipe Totek, en quête d’“épistémologies curatives” et d’un “esprit révolutionnaire”. Huitzilopochtli, en particulier, est la divinité aztèque de la guerre et a inspiré des centaines de milliers de sacrifices humains pendant la domination aztèque. Enfin, le chant atteint son apogée avec une demande de “libération, transformation, [et] décolonisation”, après quoi les étudiants crient “Panche beh ! Panche beh !” en quête d’une ultime “conscience critique”.
Ces chants ont une implication claire : écarter le dieu chrétien, qui serait une extension de l’oppression suprématiste blanche, et restaurer des dieux indigènes à leur place légitime dans la cosmologie de la justice sociale. Philosophiquement il s’agit d’une vengeance des dieux.
Les parents californiens devraient être inquiets. Sous couvert d'”équité” et d'”empowerment”, les activistes du système d’éducation publique ont élaboré ce nouveau programme radical afin de transformer les écoles californiennes en usines à militantisme politique de gauche. Ils ont présenté les États-Unis comme une nation oppressive qui doit être déconstruite et subvertie par la politique. L’énoncé de la vision du programme rend cet objectif explicite : il présente l’éducation non pas comme un moyen d’acquérir des compétences, mais comme un “outil de transformation, de changement social, économique et politique, et de libération”.
L’élément religieux du Programme des Études Ethniques, avec ses appels directs aux dieux aztèques, constitue presque certainement une violation de l’Establishment Clause du premier amendement. Les écoles publiques n’ont pas le droit de conduire des prières chrétiennes validées par un État ; elles n’auraient pas le droit non plus de diriger des chants validés par un État en faveur du dieu aztèque des sacrifices humains.
Le conseil de l’éducation de l’État votera sur ce programme la semaine prochaine. Toute instance dirigeante sensée le rejetterait en bloc. Mais étant donné la nature de la politique californienne, il est probable que le conseil l’adopte. Le meilleur espoir des opposants est de supprimer certains des éléments les plus irritants, comme les chants aux dieux aztèques, puis d’élaborer une stratégie à long terme pour contrer l’establishment dans l’enseignement public. Pour l’instant, ce sont les activistes qui semblent mener la danse, et ils ne s’arrêteront pas tant qu’ils n’auront pas assuré leur “contre-hégémonie”.
Christopher Rufo pour City-Journal
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