C’est une avancée notable, et une indéniable clarification idéologique. La charte, en l’état, rappelle que son objectif est d’”instaurer des rapports apaisés et confiants entre la communauté nationale […] et tous les musulmans vivant sur le territoire de la République“. Qui signera ? Que vont faire les islamistes ? La charte est claire, qui prévoit une exclusion, en cas de non-respect du texte, des instances du culte musulman. Pour l’heure, aucun responsable n’a réagi.
Elle précise aussi que “les signataires s’engagent à ne pas criminaliser un renoncement à l’islam, ni à le qualifier de ridda [apostasie], encore moins de stigmatiser ou d’appeler […] à attenter à l’intégrité physique ou morale de celles ou de ceux qui renoncent à une religion“. Ce passage est important : il interdit désormais formellement à un imam de jeter l’anathème sur les personnes nées dans une famille musulmane et qui décident d’assumer leur athéisme ou de changer de croyance. Une accusation qui, jusqu’ici, pouvait être synonyme de condamnation à mort. La charte engage les signataires à “s’inscrire dans le respect […] de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme [qui] consacre la liberté […] de conscience et de religion“.
Autre avancée : le rappel d’une intangible égalité entre femmes et hommes, mais aussi de la nécessité d’une action “pédagogique” pour expliquer que “certaines pratiques culturelles […] ne relèvent pas de l’islam“. Sont ici ciblés l’excision, les certificats de virginité et les mariages forcés. La charte rejette également “les superstitions et les pratiques archaïques, notamment celles qui prétendent relever de la médecine dite ‘prophétique’ et qui mettent en danger la vie de croyants abusés“. De même, “toutes les formes de racisme, de discrimination et de haine de l’autre, notamment les actes antimusulmans, les actes antisémites, l’homophobie et la misogynie” sont condamnées et qualifiés d’”expression d’une déchéance de l’esprit et du cœur
Mais le progrès majeur de ce texte concerne la désignation des doctrines extrémistes – comme le takfir (excommunication) ou al-wala al-bara (alliance et désaveu) – ainsi que le refus de l’islamisme et sa définition “par islam politique“, est-il précisé : “la présente charte désigne les courants politiques et/ou idéologiques appelés communément salafisme (wahhabisme), le tabligh ainsi que ceux liés à la pensée des Frères musulmans et des courants nationalistes qui s’y rattachent“. […]
msn/Le JDD
16/01/2021
Les dirigeants du Conseil français du culte musulman (CFCM) ont annoncé samedi 16 janvier avoir trouvé un accord sur une «charte des principes» de l’islam de France qui réaffirme notamment l’égalité hommes-femmes et la «compatibilité» de la foi musulmane avec la République.
Cette charte, à l’origine d’une crise au sein du CFCM, a été présentée samedi au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui a salué une «avancée très significative». Elle doit maintenant être approuvée par l’ensemble des fédérations du CFCM avant d’être transmise au président Emmanuel Macron, indique l’instance dans un communiqué.
Le texte doit maintenant être validé par l’ensemble des fédérations du CFCM avant d’être transmis à Emmanuel Macron et de lancer la restructuration de l’islam de France, poussée par l’exécutif, qui doit aboutir à la création d’un conseil national des imams (CNI). […]
Le Figaro
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